Monday, September 24, 2007

Le 24 Septembre: Notre-Dame de la Merci

Nuestra Señora de la MercedAu temps où le joug du Sarrasin pesait de tout son poids sur la plus grande et la plus fortunée partie des Espagnes, lorsqu'innombrables étaient les malheureux fidèles exposés sous une affreuse servitude au danger imminent de renier la foi et d'oublier leur salut éternel, la Reine bienheureuse des cieux, subvenant dans sa bonté à tant de maux, montra sa grande chanté pour racheter les siens. Elle apparut à saint Pierre Nolasque, dont la piété égalait la fortune et qui, dans ses méditations devant Dieu, songeait sans cesse au moyen de secourir tant d'infortunés chrétiens prisonniers des Maures ; douce et propice, la Vierge bienheureuse daigna dire qu'elle aurait pour très agréable, ainsi que son unique Fils, que fut fondé en son honneur un Ordre religieux auquel incomberait la tâche de délivrer les captifs de la tyrannie des Turcs. Animé par cette vision du ciel, on ne saurait dire de quelle ardeur de charité ne fut pas embrasé l'homme de Dieu ; il n'eut plus qu'une pensée au cœur : se dévouer, lui et l'Ordre qu'il devait établir, à la pratique de cette très haute charité qui consiste à livrer sa vie pour ses amis et son prochain.

Or, en cette même nuit, la Vierge très sainte s'était révélée au bienheureux Raymond de Pegnafort et au roi Jacques d'Aragon, leur signifiant également son désir au sujet desdits religieux et les priant de s'employer pour une oeuvre de telle importance. Pierre donc étant de suite accouru aux pieds de Raymond, qui était son confesseur, pour lui raconter toute chose, le trouva lui-même instruit d'en haut, et se soumit humblement à sa direction. Le roi Jacques survint alors, honoré lui aussi des révélations de la bienheureuse Vierge, et résolu de leur donner suite. C'est pourquoi, après en avoir conféré entre eux, d'un commun accord, ils entreprirent d'instituer en l'honneur de la Vierge Mère l'Ordre auquel serait donné le nom de Sainte-Marie de la Merci pour la Rédemption des captifs.

Le dix août donc de l'an du Seigneur douze cent dix-huit, le roi Jacques exécuta le dessein précédemment mûri par ces saints personnages ; par un quatrième vœu, les nouveaux religieux s'obligeaient à rester en gage sous puissance des païens, s'il était nécessaire pour la délivrance des chrétiens. Le roi leur accorda de porter sur la poitrine ses propres armes ; il prit soin d'obtenir de Grégoire IX la confirmation d'un institut religieux que recommandait une charité si éminente envers le prochain. Mais lui aussi Dieu même, par la Vierge Mère, donna tels accroissements à l'œuvre, qu'elle fut bientôt heureusement connue dans le monde entier ; elle compta nombre de sujets remarquables en sainteté, piété, charité, recueillant les aumônes des fidèles du Christ et les employant au rachat du prochain, se livrant eux-mêmes plus d'une fois pour la délivrance d'un grand nombre. Il convenait que pour une telle institution, pour tant de bienfaits, de dignes actions de grâces fussent rendues à Dieu et à la Vierge Mère ; et c'est pourquoi le Siège apostolique, après mille autres privilèges dont il avait comblé cet Ordre, accorda la célébration de cette fête particulière et de son Office.

Soyez bénie, ô vous, l'honneur de votre peuple et notre joie! Au jour de votre Assomption glorieuse, c'était bien pour nous que vous montiez prendre possession de votre titre de Reine; les annales de l'humanité sont pleines de vos interventions miséricordieuses. Ils se comptent par millions ceux dont vous fîtes tomber les chaînes, les captifs arrachés par vous à l'enfer du Sarrasin, vestibule de celui de Satan. En ce monde qui tressaille au souvenir récemment renouvelé de votre bénie naissance, votre sourire a suffi toujours pour dissiper les nuages, pour sécher les pleurs. Que de douleurs encore cependant sur cette terre où, dans les jours de votre mortalité, vous-même voulûtes goûter à si longs traits au calice des souffrances ! Douleurs sanctifiantes pour quelques-uns, douleurs fécondes ; hélas ! aussi, douleurs stériles et pernicieuses d'infortunés qu'aigrit l'injustice sociale, pour qui l'asservissement de l'usine, l'exploitation aux mille formes du faible par le fort, apparaît bientôt pire que n'eût été l'esclavage d'Alger ou de Tunis. Vous seule, ô Marie, pouvez dénouer ces inextricables liens dont l'ironie du prince du monde enserre une société qu'il a dévoyée au nom des grands mots d'égalité et de liberté. Daignez intervenir ; montrez que vous êtes Reine. La terre entière, l'humanité vous dit comme Mardochée à celle qu'il avait nourrie : Parlez au Roi pour nous, et délivrez-nous de la mort.
Voir: LE XXIV SEPTEMBRE. NOTRE-DAME DE LA MERCI.

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